La conférence Blockchain Africa a été l’occasion de présenter des applications commerciales étonnantes.
Le but de la technologie Blockchain est de changer le secteur financier notamment les transferts monétaires internationaux qui est une activité si lucrative pour les banques et autres institutions financières.
Comme le démontre ce tableau de la Banque mondiale, l’envoi d’un montant relativement faible de 1 340 Rand de l’Afrique du Sud au Kenya coûte en moyenne 12 %. En utilisant la technologie blockchain, des entreprises comme Paxful, Flutterwave, AppZone Switch et Chipper écrasent la compétition. Elles permettent l’envoi de fonds pour aussi peu que 1% – et même ce faible coût diminue rapidement à mesure que la concurrence entre sur le marché.
« Pendant des années, nous avons entendu parler de la façon dont la technologie blockchain allait révolutionner le secteur financier, mais maintenant nous en voyons les preuves », déclare Sonya Kuhnel, directrice de Bitcoin Events.
« Le principal cas d’utilisation de la blockchain en Afrique est celui du transfert de fonds, et dans certains pays, ces transferts représentent 4 à 5 % du PIB. Donc, avoir 12% qui passe dans les coûts, c’est énorme. Voici un excellent exemple du type de perturbation que la technologie blockchain est en train de développer en l’Afrique ».
L’évènement Blockchain Africa 2022 est une conférence virtuelle qui a eu lieu le 17 et 18 mars. Lors de l’évènement, plusieurs étonnants entrepreneurs africains ont présenté leurs projets blockchain, tels que Uche Elendu, fondateur et PDG d’AppZone Switch, qui est une plate-forme conçue pour faciliter les échanges locaux et les paiements intra-africains en monnaies fiduciaires et numériques comme des devises stables (stablecoins).
M. Elendu souligne que l’un des plus grands obstacles au commerce intra-africain est la capacité d’effectuer des paiements transfrontaliers, autrement qu’en dollars américains. AppZone Switch a résolu ce problème en créant une plate-forme qui permet le règlement en temps réel des transactions en monnaie fiduciaire. L’objectif est de rendre le règlement des paiements intra-africains instantané et sécurisé.
Pour soutenir cette tendance, l’écosystème panafricain des paiements (PAPE) a été créé et utilise une blockchain privée où les membres du réseau doivent faire partis du consortium de banques et d’acteurs de la fintech.
« Il ne fait aucun doute qu’une énorme quantité de paiements et d’envois de fonds transfrontaliers vont être traités et réglés sur la blockchain dans les années à venir, et c’est une menace très réelle pour les banques qui tardent à adopter cette nouvelle technologie », déclare Mme Kuhnel.
Le fondateur d’IOHK a participé pour la deuxième fois l’évènement Blockchain Africa. Charles Hoskinson a présenté des plans pour la rationalisation et l’expansion du réseau blockchain qui a été lancé en 2017 comme alternative à Ethereum.
M. Hoskinson est bien connu pour avoir un projet utilisant la technologie blockchain avec le gouvernement éthiopien. Le projet va introduire une identité numérique décentralisée (DID) pour cinq millions d’élèves dans 3 500 écoles comme moyen de stocker les dossiers scolaires. Une identité numérique basée sur la chaine de blocs peut être adapté à des dizaines d’autres cas d’utilisation et pourrait finalement devenir un lieu où les informations personnelles peuvent être stockées dans un référentiel central et accessible avec l’autorisation du propriétaire. Plus besoin de rassembler un ensemble de données personnelles chaque fois que vous souhaitez faire une demande de financement, par exemple.
Voici certaines des analyses de rentabilisation de la blockchain qui sont déjà en cours de déploiement en Afrique.
- Monnaies numériques de la banque centrale (MNBC) – L’Afrique du Sud a récemment annoncé un essai de MNBC pour les paiements transfrontaliers qui pourrait motiver d’autres institutions financières à adopter la technologie. Dans un autre exemple, le Nigeria prévoit introduire une MNBC appelée e-Naira en 2022.
- Chaîne d’approvisionnement et financement du commerce. Les entreprises de la blockchain comme DataLedger et BeefLedger développent une technologie pour améliorer l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement en réduisant les asymétries d’information entre les parties à la transaction.
- Le gouvernement égyptien, par l’intermédiaire de son autorité douanière, a introduit une plate-forme d’information intégrée appelée guichet unique national pour faciliter le commerce extérieur en 2021. Cela améliorera considérablement les délais d’exécution des échanges et fournira des informations de meilleure qualité au gouvernement.
- Pour Trade and Development Bank (TDB), des transactions de financement du commerce des engrais d’une valeur de 400 millions de dollars ont été livrées du Maroc à l’Éthiopie en utilisant la technologie blockchain. L’initiative vise à réduire le déficit de financement du commerce en Afrique et à stimuler les échanges entre les pays africains.
- Dans le secteur des jeux et du Web 3.0, Jambo (Nigeria), Nestcoin (Nigeria) et Usiku Games (Kenya) permettent aux joueurs en ligne de générer un revenu en gagnant des jetons non fongibles (NFT) sans frais pour eux-mêmes.
- Au Zanzibar – L’opérateur de réseau Internet World Mobile s’est associé à l’agence numérique (eGovernment) de Zanzibar pour lancer un accès Internet Wi-Fi gratuit dans les institutions gouvernementales en contact avec le public.
Ce ne sont là que quelques-uns des cas d’utilisation qui ont été présentés lors de la conférence Blockchain Africa.
Quentin est ambassadeur pour la blockchain Cardano et animateur du Podcast Cardano FR. Il travaille actuellement à titre d’architecte de solutions TI et de consultant blockchain sur plusieurs projets. Il est également conférencier et contribue au développement de formations académiques et professionnelles pour encourager l’adoption de la technologie blockchain et des cryptomonnaies.